Présence ancienne des Bakoko du Moungo à Douala
Présence ancienne des Bakoko du Moungo à Douala
Les Bakoko sont l’une des familles autochtones de Douala. L’histoire consacre les Bassa et eux comme les premiers à avoir occupé l’espace qui est devenu aujourd’hui cette grande ville. Selon plusieurs témoignages les Bakoko n’étaient pas confinés à un seul endroit. Ils seraient arrivés sur ce site vers le 14e ou le 15e siècle. Des repères existent qui consolident leur présence ancienne dans ce territoire.
Histoire Nsa’a du Wouri est un document dont le maître d’œuvre est l’Association N’saa du Wouri et, écrit par trois fils Basaa du Wouri qui énonce que, « les Bassa étaient déjà installés sur le plateau Joss au XV e siècle lors du passage des portugais. A la même période les Bakoko se trouvaient aussi à l’actuelle direction des Douanes au lieu dit Ngondo »1. Les auteurs de ce texte se sont inspirés des recherches d’un groupe de Basaa du Wouri réalisées sous les auspices de Sa Majesté Moussongo Henri2.
Les anciens emplacements des familles Bakoko du Wouri à Douala
Ekwe Mardochée Roger, dans ses ouvrages : L’origine Basaa du nom et du groupe Douala et L’origine Basaa du Ngondo et du nom Sawa considère que les Bakoko n’ont jamais vécu sur les berges du Wouri. Pour lui, « après une migration périlleuse, le groupe Basaa s’installe entre 1469 et 1509 sur les berges du Wouri où il sera rejoint par une fraction d’origine Bonambèdi. Bien plus tard, et sous la conduite du patriarche Nsoguè (père des Yansoki), une fraction d’origine Bakoko aborde ces mêmes berges qu’elle trouve déjà peuplées. Elle dirige donc sa migration sur les berges de la Dibamba »3. Les témoignages recueillis par Jean Philémon Mégopé Foodé des Bakoko du Wouri, lui ont permis d’écrire que, « Quelques lignages Bakoko de Douala III que Doumbé Moulongo (1968) dit entièrement venir de la région d’Edéa, affirment eux aussi être partis des berges du Wouri »4. Ils reconnaissent avoir été avec d’autres clans Mpoo sur le bord de Mbendè devenu Wouri. Seulement, « alors que certains des leurs traversaient le Wouri, ils préférèrent longer le fleuve et c’est en empruntant les criques, qu’ils se sont installés le long de la Dibamba. Ils utilisèrent celle-ci comme servitude »5.
1- Ndame Eyoum Ferdinand, Ngombè Gilbert Thomas, Somon Moussongo François, Histoire Nsa’a du Wouri, WWW. Peuplesawa.com
2- Moussongo Henri Chef Supérieur Basaa du Wouri de 1935-1964
3- Ekwe Mardochée Roger, L’origine Basaa du nom et du groupe Douala,
4- Jean Philémon Megopé Foodé, Douala Toponymes, histoire et Cultures, Ifrikiya, Août 2001
5- Op.cit
Il s’agit d’un contre témoignage à celui d’Ekwe Mardochée Roger. D’après ces familles, elles étaient installées dans ce qui aujourd’hui est Akwa. « Les Yansoki (Yabankwak) (…) occupaient le site actuel de Bonabékombo et les Bonamikengué, les Japoma étaient à Bonélèkè, les Yassa partageaient le plateau Joss avec les Basaa de Lendi, les Logmangaa (Basaa) et les Ndonga (Bakoko) occupaient le site de Bonakouamang et que les Ngodi étaient à l’emplacement actuel de Bonalembé »6.
Le cas des Bakoko du Moungo
Jean Philémon Mégopé Foodé affirme au sujet des Bakoko du Moungo que, « il est aujourd’hui établi que les villages Bonamatéké, Yambong, Mbangué, Yamijan, Yabeya, Yasuka, Yabakon et Yassem de l’arrondissement de Dibombari ont été crées par les Bakoko en provenance de la région de Douala »7.
Cet auteur donne même des indications sur la position géographique occupée par les Bakoko du Moungo hier. Il dit à ce propos que, « l’histoire raconte que l’emplacement actuel des quartiers Deïdo et Akwa-Nord était occupé par les familles Yamijan, Yabwadibé, Yassem, Yangbé, Yadimban, Yabéa, Yakouté et bien d’autres »8.
Tous les témoignages qui expliquent l’installation des Bonébela sur le site où ils se trouvent confirment la présence Bakoko dans l’ancien Douala. C’est un fait reconnu par les Deïdo en général et les Bonanjinjé en particulier que, Mbimé Moukoko le chef Bakoko qui vivait dans le lieu dit aujourd’hui Bonajinjé, était le beau père d’Eboulè fils aîné d’Ebelle l’ancêtre des Deïdo. C’est lui qui a permis leur istallation sur ce qui constitue aujourd’hui Bonébéla.
La trace Bakoko à Bonamouang est la famille Yadibam. Les familles d’origine Bonambella de Bonamoussadi au moment de leur migration, ont constaté que, « sur place vivait déjà une famille de souche Bakoko, les Bonanjaké »9. Ngangué le fondateur de Bonagang trouve dans le lieu qui sera le terroir de sa descendance « les Békéyé (Basaa) et les Yakouté (Bakoko) »10.
6- Jean Philémon Megopé Foodé, Douala Toponymes, histoire et Cultures, Ifrikiya, Août 2001
7- Op.cit
8- Op.cit
9- Op.cit
10- Op.cit
Les membres de l’association Bisombi Bi Bakogo A Yaondè ont réalisé une excursion dans leur canton en 2010. Les informations obtenues en rapport avec la migration des Yabiang et Yapékè font de Douala une escale. Le principal informateur sur cette migration, le patriarche Mbango Mbango Benjamin a présenté Bonassama comme l’un de leur site de résidence avant de s’installer où ils sont aujourd’hui. Cela est confirmé par cet extrait de Douala Toponymes, histoire et cultures, « les clans Basaa qui constitue les villages actuels de Bonamatoumbé, de Sodiko et les quelques souches Bakoko de Bonassama sont les plus anciens occupants connus de Bonabéri »11.
Jean Philémon Megopé Foodé explique l’installation des Bakoko du Moungo sur leur espace actuel par le fait d’un chasseur Sodiko. « C’est pendant qu’il vivait à Mpanjo, que l’un d’entre eux nommé Njaki, chasseur de son état, traversa la crique Lobé et découvrit le beau territoire de Sodiko occupé alors par les Bakoko »12. Ce dernier a usé d’un stratagème pour les éloigner. Elle a consisté à tirer en l’air des coups de fusils. Compte tenu de ce que, « c’était une époque où de nombreux peuples avaient peur d’être réduit en esclavage, cette insécurité décida les Bakoko à prendre leurs pirogues et à aller se réfugier dans la région de Dibombari »13. Cette dernière affirmation pose problème parce que, Dibombari et Bomono sont entourés de villages Bakoko. La partie limitrophe entre les départements du Moungo et du Wouri, du côté du Moungo est un village Bakoko : Yapaki. Toute fois, il participe à conforter la présence ancienne des Bakoko dans l’actuelle canton Belle-Belle.
Des familles Elog Mpoo que Ekwe Mardochée Roger classe Basaa
Cet auteur classe certaines familles Elog Mpoo comme Bassa dans son élan de nier toute présence Bakoko sur les berges du Wouri. C’est le cas des Ndog Bisoo, c’est pourquoi il peut écrire que, « les bonambèdi furent à leurs arrivée intégrés au sein de deux familles bien distinctes mais, installés à deux endroits différents ; les Bodjongo sur le plateau Joss, par une famille Logmbot (Ndogsimb) reconnue Basa, les Bonewale, à Akwa nord par une famille Ndogbissoo confondue à une famille Bakoko »14.
11- Jean Philémon Megopé Foodé, Douala Toponymes, histoire et Cultures, Ifrikiya, Août 2001
12- Op.cit
13- Op.cit
14- Ekwe Mardochée Roger, L’origine Basaa du nom et du groupe Douala
Il cite même le Dr Jean Paul Sendè avec un arbre généalogique pour démontrer que les Ndogbissoo sont Basa. Malheureusement pour lui la famille sendè ne partage pas ce point de vue. Voici l’arbre du Dr Jean Paul d’après la famille Sendè :
Sendè jean Paul
Sendè Amos,
Sendè Bakot,
Bakot ba Mongo,
Mongo Kolol,
Kolol Maken,
Maken ma Biyaa,
Biyaa bi Mata’a,
Mata’a ma Tom,
Tom Baligbe,
Baligbe ba Djon,
Djon li Mabab,
Mabab ma Biso’o,
Biso’o bi Ang,
Ang y Mpo’o15. [Mpoo est en fait Nnanga Mbang Ngee Nnanga].
Il apparait clairement que cette famille Ndogbissoo se reconnait Elog Mpoo. Un constat se dégage de l’attitude d’Ekwe Mardochée Roger, il a tendance à associer les Elog Mpoo basaphone en Basa, les Ndonga sont victimes de cette façon de faire.
La présence Bakoko liée au mariage
L’autre forme de migration Bakoko qui a abouti à une installation dans la ville actuelle de Douala. Elle résulte de mariages entre Duala et Bakoko. Deux exemples permettent de l’illustrer : le village Banabékombo et la famille Bonatongo dans le village Bonamikengué sont aujourd’hui Duala mais reconnaissent avoir une origine Bakoko.
. Bonabékombo est composé des fils d’Etoke. Il était le beau frère de Ngando Akwa, le King étant l’époux de Lémbè sa sœur. Etokè qui s’est installé à Douala avec sa famille est né à Elog Ologotot sur la terre Yakalak un clan Bakoko. Tongo par contre était une fille Bonamikengue et mère du pasteur Yoshoua Dibundu. Son père Dibundu était du village Yabwadibe. La descendance de ce dernier forme la famille Bonatongo au sein du village de la mère de leur ancêtre.
Basaa, et Bakoko et Duala sont les premiers habitants de ce qui est devenu Douala. Chronologiquement, les descendants d’Ewale sont les derniers à s’y installer. Des familles souches Bakoko témoignent de leur passage où les Duala sont devenus les maîtres. Aujourd’hui le canton Bakoko du Wouri est l’une des chefferies de 1erdegré de Douala, A côté des Basaa du Wouri, Bonajo, Akwa, Deïdo et Belle-Belle.
15- Arbre généalogique pris il y a des année sur le Internet, nous avons oublier de noter l’adresse.
Yves Patrick Motassi.
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